Entre zombies & faux sang, Aurélien Digard nous raconte son parcours
Aujourd’hui, rencontre avec un jeune talent, Aurélien Digard, jeune réalisateur de 30 ans. Après avoir suivi des études d’image à l’ESRA à Paris, Aurélien Digard présente son premier court métrage, Besoin Dead, avec Philippe Nahon et Louise Grinberg. Le film sera sélectionné dans une cinquantaine de festivals. Il recevra 7 prix, avant d’être acheté par Ciné+ Frisson pour plusieurs diffusions télé, puis par Shadowz, la plateforme de streaming française spécialisée dans l’horreur qui ajoutera Besoin Dead à son catalogue en Septembre 2021.
Aurélien Digard, par Lisa Ritaine
Tu es un amoureux du cinéma d’horreur italien des années 70-80. D’où te vient cette passion, et particulièrement celle pour les films de zombies ?
Je me souviens très bien quand ma fascination pour les films de zombies a commencé. C’était à 13-14 ans, en lisant un magazine de cinéma sur la route des vacances. Il y avait une interview commune du maître du genre George Romero, et d’un jeune réalisateur et son comédien et co-scénariste, Edgar Wright et Simon Pegg. C’était la sortie quasi simultanée de « Land of the Dead » et « Shaun of the Dead ». Juste à la suite, il y avait un article sur le genre du film de zombies. Les photos que j’ai vu m’ont marquées et j’ai eu très envie de découvrir tous les films présentés dans l’article. Et parmi eux, ceux de Lucio Fulci. Je me suis empressé d’acheter les DVD, et c’est alors là que j’ai pris des grosses claques…
En 2017, tu as réalisé le court métrage Besoin Dead avec Philippe Nahon dont tu es fan. Peux-tu nous raconter cette expérience ?
Je rêvais de tourner avec Philippe Nahon depuis ma première vision du film de Gaspar Noé, « Seul contre tous ». Sa performance m’a profondément marquée, de même que le film, et j’ai développé une fascination absolue pour Philippe Nahon. J’ai regardé le plus de films possibles dans lesquels il jouait, lu et regardé des interviews, et c’est là que j’ai appris qu’il s’impliquait souvent dans des courts métrages pour aider les jeunes réalisateurs.
J’ai réussi à trouver son adresse et je lui ai déposé une lettre avec le scénario de mon court métrage, Besoin Dead. Il m’a aussitôt rappelé, se montrant super enthousiaste envers le projet. J’ai eu du mal à réaliser, un comble pour un réalisateur. On a finalement tourné trois ans après, le temps que j’économise assez d’argent pour faire le film. Il ne m’a jamais abandonné malgré ce laps de temps entre notre première rencontre et notre premier jour de tournage.
Philippe Nahon nous a quitté récemment. Une rétrospective en son hommage a été organisée sur Ciné Frisson. Qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on est un jeune réalisateur et qu’on voit son court métrage diffusé à côté d’un film comme Irréversible de Gaspar Noé ?
C’était assez impressionnant je dois dire. On ressent une sorte de fierté mais en même temps on parle de la mort d’un homme que j’aimais énormément, alors l’idée n’était surtout pas d’aller fanfaronner sur la présence de mon film là-dedans… Je me suis dit que mon amour de ce comédien devait peut-être transparaître à l’image dans le film…
Maintenant que tu as réalisé un court métrage d’horreur, quels sont tes projets pour la suite ? Souhaites tu expérimenter d’autres genres ?
J’ai réalisé un court métrage beaucoup plus simple en termes de logistique, « Fanfaron », avec deux comédiens que j’aime énormément et qui ont accepté de faire le film, Dominique Bettenfeld et Stephan Wojtowicz. C’est une rencontre entre le thriller et la comédie, co-écrit avec Lisa Ritaine. Il nous reste le montage son et l’étalonnage à terminer.
Je développe un projet de court un peu ambitieux, avec un producteur cette fois, affaire à suivre… Et puis je suis dans l’écriture d’autres projets, toujours dans l’idée de mélanger le film de genre et la comédie.
Si quelqu’un voudrait faire son premier court métrage, je lui dirais qu’il faut y croire, être obsédé, entêté, et on peut avoir de bonnes surprises à la clé…
Tu as participé à plusieurs reprises à des concours de réalisation avec des thèmes imposés et un film à réaliser en très peu de temps. Le dernier était le 48hour Film Project Paris. Comment ça se passe ?
C’est une très bonne façon de s’entraîner et de se motiver à tourner des choses. Le peu de temps qu’on a nous autorise à garder nos idées les plus absurdes ou les plus connes et à les mettre en image, alors que sur un projet classique, ce serait sûrement parti à la poubelle par peur du ridicule.
C’est plutôt crevant, mais quand à la fin tu as réussi à faire un truc sympa, qui plus est avec des ami·e·s, ça valait le coup de pas dormir.
Il y a des réalisateurs ou des acteurs avec qui tu rêverais de collaborer ?
Je rêverais de rencontrer beaucoup de réalisateurs, en France pour n’en citer que quelques-uns je dirais Jean-Pierre Jeunet, Albert Dupontel, Jacques Audiard et Alain Chabat. Et il y a énormément de comédien et comédiennes avec lesquels je rêve de tourner, comme Denis Lavant, Pascal Demolon, Tchéky Karyo, Damien Bonnard, Céline Salette, Anna Mouglalis, Claude Perron…
Si tu devais nous conseiller qu’un seul film à voir absolument, ce serait lequel ?
Un seul c’est dur, et puis ça dépend tellement de ta sensibilité… Allez je vais en dire deux, un américain et un français. « Phantom of the Paradise » de Brian de Palma et « Le Créateur » de Albert Dupontel. Deux films sur la création artistique, à la mise en scène incroyable.
Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui voudrait faire une carrière dans le cinéma ?
Je ne me sens pas légitime pour donner des conseils à qui que ce soit, étant encore en tout début de parcours. Mais pour quelqu’un qui voudrait faire son premier court, je lui dirais qu’il faut y croire, être obsédé, entêté, et on peut avoir de bonnes surprises à la clé… Attention à pas être trop con non plus, on peut y perdre des relations dans la bataille…
J’imagine que lorsqu’on tourne un film de zombies, on doit parfois prendre de drôles de positions pour filmer, il y a du faux sang partout… tu as un secret pour ne pas abimer tes vêtements lorsque tu tournes ?
Je me rappelle très bien du tournage de la première explosion de tête dans Besoin Dead. David Scherer, le chef maquilleur, avait enfilé une combinaison de protection par-dessus ses habits. Et il m’a dit « tu verras ». Effectivement à la fin du plan, mon t-shirt était repeint en rouge et il a encore des tâches des années après. Depuis, je mets des fringues qui ne craignent pas.
Et du coup, t’as une pièce dans ton dressing que tu ne porterais jamais sur un tournage ?
Quand j’aurai reçu mon t-shirt Arkhé Paris, fraichement commandé, je ne le porterai certainement pas en tournant une explosion de tête !
Merci pour cette interview. Une dernière question, si on veut suivre tes projets, où doit-on aller ?
Je ne suis pas très actif sur les réseaux sociaux, mais en tapant Aurélien Digard sur Facebook ou Instagram, il devrait y avoir 2-3 trucs à trouver !